Pourquoi on est si superstitieux quand on est (enfin) heureux ?
E.W.
Abonnés Publié le 06-01-21 à 15h54 - Mis à jour le 06-01-21 à 15h55
"Cela ne va pas durer", "C'est juste de la chance" : on essaye souvent de se convaincre que le bonheur qu'on vit est arrivé par hasard et repartira malheureusement de la même façon... mais non !
Nous sommes nombreux à nous méfier d'une très bonne nouvelle qui nous arrive, à croiser les doigts quand on raconte qu'on a rencontré quelqu'un avec qui on est bien, à ne pas trop en parler pour ne pas convoquer la malchance, à être superstitieux lorsque tout se passe comme on veut : on attend le retour de bâton en quelque sorte !
Mais pourquoi l'être humain est-il si persuadé qu'on doit donner pour recevoir et que chaque chose positive doit être "payée" ? Alors que finalement, si on a eu ce que l'on voulait, c'est que l'on a fait en sorte de l'avoir, le mérite nous en revient et les chats noirs ou la chance n'ont rien (ont peu) à voir là-dedans !
Renforcement positif
Stéphanie Frégapane est psychomotricienne relationnelle, c’est en tant que professeure de sport et de psychomotricité que cette professionnelle a d’abord observé les incidences du stress et de la difficulté émotionnelle sur la capacité relationnelle et l’estime de soi. Des enfants d'abord et des adultes également. Autant les petits ont encore cette candeur et cet esprit de liberté qui leur permettent d'entrer facilement dans l'imaginaire pour faire parler leurs difficultés, autant devenus adultes, ils parviennent bien moins à se lâcher, la rationalité et l'intellect ayant souvent le dessus... Et c'est pour cela que la psychomotricienne développe la pensée positive avec ses patients. " La pensée positive, c'est une
histoire de positionnement vis-à-vis de soi-même ", explique-t-elle. Ainsi, on a tendance à se parler de façon négative : pourquoi rien ne va aujourd'hui, j'ai peur de ne pas pouvoir y arriver, je suis persuadée qu'on va me prendre pour une idiote, ... " Abreuvé de négatif et d'anxiété, le cerveau répond sur le même mode en quelque sorte ". Alors que si l'on se parle positivement, qu'on se pose des questions sous forme positive, qu'on insiste sur ce qui va bien, alors on aura tendance à se répondre sur le même ton, avec optimisme et davantage de bienveillance.
Le bonheur fait peur
Et pourtant, on a beau être plutôt optimiste, parfois, le bonheur nous fait peur, on a peur qu'il ne dure pas. D'abord c'est un fait qu'un état de bonheur constant, cela n'existe pas ! " Le bonheur tout frais, c'est l'inconnu et cela fait peur l'inconnu, on n'a pas encore de routines mises en place qui rassurent : on fait attention à sa manière d'être, de parler, de penser même ", insisite la professionnelle. On est un peu dans le contrôle, à en oublier de profiter de tous ces bons moments, en pleine conscience !
" Et puis, on trimballe pas mal de déceptions du passé qui nous ont plus ou moins blessés selon notre vécu, notre caractère et
notre expérience ", souligne Stéphanie Frégapane. " Rechercher le bonheur, c'est vivre le moment présent et pas toujours
plonger dans le passer. Bien sûr, je ne dis pas qu'il faut oublier le passé, il nous a construit aussi c'est les souvenirs,
l'expérience, ... Mais il peut alimenter constamment une peur de retomber sur les mêmes écueils ".
" De même, certains se projettent trop loin dans le futur et si quelque chose vient gripper la programmation tout semble partir à
vau-l'eau " : cela peut être une incompréhension avec une personne, une contrariété au travail et on remet tout en cause... Alors que cela n'a pas lieu d'être : rien n'a changé sauf notre rapport à ce qui nous apportait de la satisfaction.
Modifier sa façon de se parler à soi-même, être plus optimiste, accepter les compliments pour reprendre confiance en soi, être dans la communication quand on sent qu'on est confronté à une difficulté, cela se travaille au jour le jour ! Et cela permet d'avoir moins peur d'être heureux parce que l'on se sentira... légitime
Le livre "Ma pensée positive et moi" (Ed. Mes Livres Moi, auto-édition)" de Stéphanie Fregapane est à voir comme une boîte à outils pour s'initier à la pensée positive. Infos : www.jesuismoi.be
Stéphanie Fregapane consulte à Enghien (cabinet privé).